Mentalités douteuses [ Libre ]

En ce début d'après midi, alors que la fin de la pause déjeuner allait sonner, une scène absolument anormale avait lieu.
De un, le hall d'entrée de Poudlard était anormalement vide.
De deux, Calypso Travers était anormalement entourée exclusivement de filles.
Deux, pour être exactes. Deux amies avec qui elle parlait actuellement de tout et de rien, un sourire scotché aux lèvres. Elles venaient tout juste de sortir de la Grande Salle, pour pénétrer dans le hall d'entrée.
Je dis anormalement entourée que de filles. Oui, car lorsque Scorpius Malefoy n'était pas à proximité, il y avait toujours un minimum de trois garçons (pas toujours les mêmes, il semblait qu'ils se relayaient) lui tournant autour qui la suivaient, prêts à accéder à n'importe lequel de ses caprices. Pire que des elfes de maison. "Tu veux quelque chose, Calypso ?", "Tu veux que je porte ton sac ?", "Tu veux que je fasse un triple salto arrière avec les doigts dans le nez ?", entre autres.
Aujourd'hui, non. Ni Scorpius - sûrement parti embêter quelques nés-moldus quelque part dans Poudlard -, ni admirateurs énamourés - qu'elle avait congédiés, pour une fois. Felicia était, quand à elle, avec son petit ami.

Donc, Calypso était accompagnée de deux amies, et aucun garçon aux environs. Enfin... plus pour longtemps. Entre deux rires et discussions joyeuses, étrangement, il lui semblait avoir capté un murmure, dans le genre "elles arrivent !"

Ridicule. Qui murmurerait comme ça ?

Soudain, trois petits mecs de troisième année surgirent de nulle part, et l'un d'entre eux commença à faire des grimaces exagérées.

"OH MON DIEU !" hurla un deuxième d'une voix fluette. "NON ! FRED !"

Alors, tandis que "Fred" (monsieur grimaces exagérées) s'écroulait théâtralement par terre, le troisième petit mec essayant maladroitement de l'aider, le garçon-hurleur se tourna vers les trois filles éberluées et reprit de plus belle :

"IL FAIT UNE CRISE DE PSYCHOGALINACITE AIGUË ! VITE, MISS TRAVERS, FAITES-LUI DU BOUCHE-A-BOUCHE ! C'EST LE SEUL MOYEN DE LE SAUVER !"

Calypso regarda "Fred" se contorsionner bizarrement par terre, sans réaction. Puis, soudainement, elle articula :

"D-d'accord..."

Deux secondes plus tard, elle n'avait toujours pas bougé. Et puis, en bonne Sang-Pur qu'elle était, elle questionna d'un air interrogateur :

"Euh... au fait... c'est quoi du 'bushabush' ?"

"Fred" s'arrêta de gémir un moment pour la regarder, incrédule, tandis que le gamin-hurleur faisait de même. Le troisième gars, cependant, hochait la tête avec un air supérieur, comme qui dirait "je vous l'avais dit qu'elle ne saurait pas ce que c'est !"

"Ben..." fit le gamin-hurleur, légèrement embarrassé. "C'est une technique moldue, qui consiste à..."

Pendant qu'il expliquait maladroitement et avec ses propres mots la technique du bouche-à-bouche, "Fred" sembla soudain se rappeler qu'il était censé gémir à la mort. Caly fronça les sourcils. Mouais... ça sentait le coup monté, tout ça...

Hein, quoi ? En gros, il allait falloir qu'elle embrasse ce petit couineur ? Mais elle n'en avait pas envie ! Elle voyait à peu près qui c'était - Calypso connaît tout le monde dans Poudlard - et le moins qu'elle pouvait dire, c'est qu'il était moche, gros et pauvre.
Et elle n'avait pas envie d'embrasser un petit ado boutonneux de treize ans qui soit en plus moche, gros et pauvre.

"Ah... d'accord..." fit-elle, les yeux collés sur "Fred", pas très enthousiaste. Puis, se dirigeant à ses deux amies : "Euhm... les filles... ça ne vous tenterait pas, de le faire à ma place ? Vous comprenez, je suis pas très douée avec les techniques moldues, et..."

Le gamin-hurleur eut l'air alarmé, mais Caly n'y fit pas attention. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle n'avait aucune envie d'accéder à sa requête.

Trainant des pieds comme à son habitude Leroy était en train de massacrer un air connue en sifflotant. Son énorme tignasse s'agitant aux grés de ses mouvements de tête marquant la cadence. Les mains dans les poches il se dirigeait nul ne savait où en regardant le plafond. Le repas de midi avait été agréable, bien sur les préfets lui avaient reproché son noeud de cravate iconoclaste car il l'avait en fait noué de la façon dont on fait ses lacets, sa chemise débraillée ainsi que ses chaussettes déparaillées.

Le jeune sorcier leur avait comme à son habitude sourit en hochant les épaules d'un air compréhensif. Sans vraiment y préter attention il entendit des cris. Ce ne fût que lorsqu'il fût prés des autres élèves qu'il se rendit compte que quelque chose cloché.

Le regard intérrogateur il hocha les épaules en voyant "Fred" se vautrer par terre et ses amis partagé entre l'angoisse et... et autre chose.

Il haussa les épaules en direction de Calypso et lui fit un sourire. Ne comprenant pas trés bien ce qu'il se passait il demanda d'un ton pateux:

"Hey man, qu'est-ce que tu fais par terre? C'est sales ici tu sais? Il fait quoi par terre? C'est vrai quoi? Il est tombé?"

Comme si la réponse ne lui importait guère il se remit à chantonner en fixant ses yeux sur calypso et en lui souriant.

"Allons Maddie, vas-y, elle ne te mangera pas, tu sais.".Telles avaient été les dernieres paroles de Ludovic Verpey avant que sa jeune soeur ne se lance dans le périlleux voyage que consistait une journée avec Calypso Travers. Non pas que Calypso était une personne désagréable. Bien au contraire, elle pouvait s'avérer vraiment tres gentille avec quiconque était riche, beau, et au préalablement célebre et tres connu dans les murs de Poudlard. Pouvait-on dire que c'était le cas de Madison ? Moyennement. Premierement parce qu'elle faisait partie du tres célebre et tellement convoité Club de Slug. Mais toutes les personnes du cercle d'amie de Calypso en faisait partie, alors ou était le défi ? Il n'y en avait pas. Deuxiemement, certaines personnes pouvaient parfois la considérer comme une sale gamine gatée qui profitait de la célébrité de ses ainés. D'autres avaient carrément pitié d'elle, car ils trouvaient qu'elle n'avait rien fait comparément a Ludovic et Ashlee. Quel affront ! direz vous. Ca, Madison en avait rapidement pris conscience.

Alors pour revenir a nos moutons, la jeune fille se promenait avec Calypso Travers. Et, franchement, elle commencait a y prendre gout. Conformément a ce que Ludo lui répétait depuis le début de sa scolarité (en boucles, au moins 3000 fois par jour) Calypso était une personne tellement cultivée, et tellement belle, et tellement intelligente. Et c'était bien vraie. Depuis le début de la journée, elle n'était pas restée muette devant aucuns des propos de ses interlocuteurs et interlocutrices. Madison, qui prenait petit a petit conscience qu'elle venait de trouvé une fille aussi bavarde et enthousiaste qu'elle. Drole et gentille, Calypso comblait en partie le vide qu'avait laissé Ashlee avec sa manies des résultats scolaires et de l'ordre en tout temps. Un peu de folie dans la vie pour le moins calme et pénible de Maddie qui avait remarqué ces derniers temps que Jack et And...

"OH MON DIEU !" cria une voix tandis que Madison sautait quasiment sur place. "NON FRED !"

Instinctivement, Maddie regarda droit devant elle, pour finalement s'apercevoir qu'un gamin de troisieme année se roulait par terre. Il gesticulait dans tout les sens. Madison resta stupéfaite devant une telle scene. Calypso semblait traumatisée, tout comme les éleves qui se promenaient tout autour. Soudain, un autre gamin bondit en avant, faisant reculer Madison de quelques pas. Qu'est-ce qu'il voulait lui ? Soudain, une autre garcon apparut dans le décor. Il faisait partie de sa maison...Comment s'appelait-il déja..Ah oui ! Joeffroy Blake. C'est ca.

"Vite Miss Travers" hurla un autre gamin. Vraiment, les gamins invahissaient le parc. "Faites lui le bouche-a-bouche !"

Le bouche-a-bouche ? Le bouche-a-bouche ? Mais quelle fille censée le ferait, tout de suite, comme ca, sans prendre la peine de réfléchir un peu a la situation. Dans le cas présent, le bouche-a-bouche ne serait guere utile, si ce n,est empeché définitivement le pauvre gamin de bougé ou pire encore, de le faire vomir en lui envoyant trop d'air dans les poumons. Et d'abord, tout était dans le nom : PSYCHOGALINACITE AIGUË. Ce n'était pas censée etre dans le mentale ? Dans la psychologie ? Madison toisa le garcon gesticulant d'un oeil averti. C'était louche, vraiment louche, et Maddie n'aimait pas les choses louche.

"Calypso. Je ne crois pas que tu devrais.." commenca Madison tandis que "Fred" poussait un cri strident dans le but d'attirer leur attention. "Lui faire le bouche-a-bouche..Je veux dire...Ont devrait peut-etre aller chercher Slug ou un quelconque autre professeur...Non pas que Slug serait mieux pour lui faire le bouche-a-bouche, je veux dire...Il saurait quoi faire..."

Se tournant une nouvelle fois vers le gamin, Madison attendit que quelqu'un se manifeste...

A vrai dire, il y avait trois catégories de gens présents à cette scène. La première : celle des gens sceptiques, comprenant Calypso, Madison et sa deuxième amie, une Serpentard de cinquième année. La deuxième : ceux qui s'en foutaient royalement, tel le black de service qui venait de se ramener en sifflotant - on se demandait d'où il sortait, d'ailleurs. Et la troisième, celle des gamins qui espéraient toujours que quelqu'un goberait réellement leur histoire et que Caly finirait vraiment par faire du bouche-à-bouche au BMGP (Boutonneux, Moche, Gros et Pauvre).
Ça ne faisait pas beaucoup de monde, mais en même temps, le Hall était presque vide.

Caly écouta distraitement Madison suggérer d'aller chercher le professeur Slughorn. Pourquoi le professeur Slughorn ? Pourquoi pas un autre prof ? Hum ? Cela dit, si jamais le gamin faisait vraiment de la psychomachin, ce n'était pas le moment de se poser des questions existentielles.

"Bonne idée, Maddie," félicita tout naturellement la jeune Serpentard. "Rachel, tu peux aller chercher le professeur Slug, ou n'importe quel autre professeur que tu trouves sur le chemin ? Nous, on va s'occuper d'emmener... Fred, c'est ça ?... à l'infirmerie."

Avant que les gamins n'aient pu protester, Rachel, la Serpentard de cinquième, avait acquiescé et disparu par une porte à proximité.

Caly saisit sa baguette. Wingardium Leviosa ? Euh... Elle avait l'impression que ça ne suffirait pas à le soulever, le BMGP. Justement parce qu'il y avait un "G" dans la sigle.
Alors... un brancard ? Merlin, c'était quoi, déjà, pour conjurer des brancards ?

"Un instant... est-ce que tu peux marcher... Fred ?"

Apeuré, le garçon fit 'non' de la tête. Sans doute n'avait-il pas envie d'aller à l'infirmerie... on se demande pourquoi. Se sentant l'âme d'une coordinatrice d'opérations risquées, Caly se tourna vers le gars apparu d'on ne sait où. Elle n'arrivait pas à
saisir son prénom, là, tout de suite, mais son nom, fort heureusement, venait de lui sauter au cerveau.

"Drake," appela-t-elle doucement, "Pourrais-tu nous aider à transporter ce garçon, s'il te plaît ? Il faut qu'on l'emmène à l'infirmerie... Et vous," ajouta-t-elle en vue des autres deux petits Poufsouffle qui sursautèrent, "aidez-nous aussi."

Bon, peut-être qu'il ne fallait pas cinq personnes pour transporter "Fred", mais il en fallait au moins bien trois. Ainsi, Calypso ajouta :

"Vous seriez gentils de le porter, les garçons. Pendant ce temps, Madison et moi, on veillera à ce qu'il reste conscient."

Malgré leur appréhension, les deux garçons ne surent pas dire non - ils fondirent instantanément à l'entente du mot "gentil" - et se mirent à l'œuvre, essayant de soulever Fred qui semblait paniqué.
Sauf que, évidemment, avant que l'opération ait vraiment commencé, le petit grassouillet s'était enfui plus vite que son ombre.

Tiens... je croyais qu'il ne pouvait pas se lever...

Quelques secondes d'un silence bizarre, qui donna à Calypso plus l'envie de hurler de rire que n'importe quoi d'autre - une minute de flottement, quoi - passèrent. Avant que Caly ne se décide à crier, causant pratiquement une crise cardiaque sur les deux Poufsouffle restants :

"QU'EST-CE QUE VOUS ATTENDEZ ! IL FAIT DE LA PSYCHOMACHINILATITE AIGUË, IL VA PEUT-ÊTRE MOURIR ! RATTRAPEZ-LE !"

Et ils déguerpirent à leur tour comme des lapins.

Caly croisa le regard de Maddie. Et partit instantanément dans un fou rire incontrôlable, mais toujours élégant, sous les yeux de Leroy - ouais, le prénom lui revenait maintenant - Drake qui n'y comprenait certainement pas grand chose... pour ne pas dire que dalle.

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